Depuis plus de 10 ans à TPSG, notre mission est de vous aider à développer une vision biblique du monde, afin de glorifier Dieu dans tous les domaines de votre vie. En moins de mots, nous voulons vous aider à voir comme Dieu voit pour vivre comme Dieu veut.
Un verset a servi de fondement pour ce que nous voulons faire. C’est l’exhortation de Paul aux corinthiens de glorifier Dieu dans tout ce qu’ils font: “Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.” (1Co 10.31). Tout ce que nous faisons, partout, tout le temps, doit viser la gloire de Dieu.
Lisez le commentaire de Jean Calvin sur ce verset:
Le diable a tellement aveuglé les hommes qu'il les a persuadés de croire que dans les petites choses qu'ils accomplissent, ils n'ont pas à se demander s'ils honorent Dieu ou s'ils le servent; il y est parvenu en prétextant que ces choses sont du domaine du monde.
Quand un homme s'acquitte de sa tâche pour gagner sa vie, quand une femme s'occupe de sa maison, et quand un serviteur fait son devoir, on pense que Dieu ne prête pas attention à ces choses et on dit que ce sont des occupations séculières. Assurément, ces travaux sont caractéristiques de la vie fugitive présente; cela ne signifie cependant pas que nous devions les exclure du service de Dieu.1
Nous sommes d’accord avec Calvin: tout ce que nous faisons, nous voulons le faire pour Dieu. Pourtant, nous avons souvent du mal à savoir comment les petites choses, tout ce qui fait notre quotidien, contribuent à la gloire de Dieu.
Et souvent, on se demande: au fond, qu’est-ce que Dieu attend de moi?
Dans la vision du monde chrétienne, cette question trouve un début de réponse dans le récit de la création: nous sommes créés par Dieu et pour Dieu, placés dans le monde pour le glorifier en bénissant notre prochain.
Mais voilà, ce qui est clair dans la Parole est devenu confus dans notre siècle. La collision entre la vision du monde chrétienne et la doxa de notre société, qui s’est tellement écartée de ses racines chrétiennes, déstabilise et trouble beaucoup de chrétiens.
Nous sommes les témoins d’une crise qui semble poindre dans l’Église, une crise qui pose à nouveau les questions: “Qui sommes-nous?”, “Qu’est-ce que Dieu attend de nous?”, “Quelle est notre place?”.
C’est cette confusion qui a poussé le théologien Os Guiness à déclarer:
Le problème avec les chrétiens de l'Occident n'est pas qu'ils ne sont pas là où ils devraient être, mais qu'ils ne sont pas ce qu'ils devraient être, là où ils sont.2
Je suis convaincu que le début de réponse se trouve dans la doctrine des vocations. C’est en retrouvant l’enseignement réformé des vocations que nous pourrons redécouvrir ce que Dieu nous appelle à être.
Le mot "vocation" est simplement le terme latin pour "appel" (j’utiliserai les termes de manière interchangeable). La vocation, c’est donc un appel.
Dans le langage courant, on parle de vocation pour désigner quelqu’un qui exerce un métier spécifique, qui requiert un sacrifice. On parle également de sacerdoce (lien avec la consécration des prêtres).
Il y a l’idée de consacrer sa vie à son métier, souvent difficile. On parle de vocation pour des professeurs, des militaires, des artistes ou des médecins… Il faut alors “trouver sa vocation”, dans laquelle on va s’engager et consacrer sa vie. Dans le langage courant, on parle de vocation en lien avec une profession.
Mais on parle également de vocation en rapport avec le ministère. D’ailleurs, avant la Réforme, la notion de vocation était réservée au clergé. Au 2ème et 3ème siècle, les penseurs chrétiens définissaient la vocation comme un appel de Christ à vivre en retrait du monde. Dans l’enseignement catholique, “avoir une vocation” c’était entrer au monastère, au couvent ou devenir prêtre.
Cette vision de la vocation s’inscrivait dans une vision dualiste de la vie, séparée en deux: d’un côté, la vie spirituelle, et de l’autre côté, la vie séculière. Par exemple, Eusèbe de Césarée (265-339), un historien et théologien, parle de deux chemins: la "vie parfaite" qui est spirituelle et la "vie permise" qui est séculière. Après lui, Augustin ou Thomas d’Aquin ont loué le travail des paysans ou des artisans, mais ont toujours élevé la "vie contemplative" par rapport à la "vie active".
Ainsi, au Moyen Âge, seul le clergé avait un appel, une vocation. Le reste du peuple travaillait. Au Moyen Âge, la notion d’appel était réservée à ceux qui se consacraient à une vie religieuse.
La vocation était alors synonyme de retrait et de refus. Et cette vision de la vocation allait à l’encontre des structures que Dieu avait mises en place à la création:
On voit alors que cette compréhension de la vocation sépare la vie terrestre en deux: d’un côté l’Église, de l’autre côté le monde.
C’est à la Réforme que la définition de la vocation change. C'est en 1522 que Luther emploie pour la première fois le mot Beruf (vocation) dans un sermon, avec le même sens qu'occupation, classe ou office. Luther voulait abolir le dualisme qui existait entre le sacré et le séculier. Luther voulait appuyer le fait que toute la vie est au service de Dieu.
La redécouverte du sacerdoce universel des croyants fit de la vocation un enjeu majeur de la pensée réformée. Le sacerdoce universel signifie que, dans un certain sens, tous les croyants sont des prêtres. Comme le dit Pierre dans sa première épitre:
Vous, au contraire, vous êtes un peuple choisi, des prêtres royaux, une nation sainte, un peuple racheté afin de proclamer les louanges de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.
1 Pierre 2.9
Concrètement, le sacerdoce universel des croyants implique qu’en Christ:
En Christ, nous retrouvons notre appel à être des prêtres de la création comme en Éden. En Christ nous retrouvons notre appel à vivre pour Dieu dans le monde.
Comme des prêtres, toute notre vie est consacrée au service de Dieu. La consécration n’est donc pas le lot des religieux seulement, mais de tous les croyants.
Pour le réformateur allemand, le prêtre n'est pas plus proche de Dieu que le forgeron. La différence est fonctionnelle. En tant que croyants, ils sont égaux devant Dieu et exercent tous les deux une profession honorable.
Pour autant, il ne faut pas réduire la vocation au travail. La vocation inclut le travail, mais elle est plus large; elle inclut l’ensemble de notre situation.
Dans le prochain article, nous examinerons si la doctrine des vocations développée par Luther possède un fondement biblique.
1. J. Calvin, Sermon sur 1 Corinthiens 10.31-11.1 Opera Omnia, vol. 49, p. 696.
2. Os GUINESS, The Call, p. 167
webinaire
Qu'est-ce que Dieu attend de moi? La doctrine des vocations
Découvrez le replay de notre dernier webinaire, enregistré le 15 novembre 2023, en compagnie de Matthieu Giralt qui nous a parlé de nos vocations.
Orateurs
M. Giralt