Le sexe est omniprésent aujourd'hui, à tel point que la sexualité en dehors du cadre du mariage semble être la norme. Mais en quoi une telle vision de la sexualité pose-t-elle problème? Pourquoi devrait-on voir la sexualité hors mariage comme un péché? Kevin DeYoung propose une réflexion utile.
Il n’y a pas très longtemps, une [femme] s’est retrouvée dans une situation embarrassante: lors d’un petit-déjeuner de prière, elle a laissé entendre qu’elle était arrivée en retard parce que son fiancé voulait faire l’amour avec elle ce matin-là. Selon ses propos, il était clair que la jeune femme et son fiancé vivaient ensemble dans une relation sexuelle. Ce qui ne faisait également pas de doute, c’est que la femme –une chrétienne engagée dans une Église évangélique dont le pasteur était présent– ne se rendait pas compte qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans ce qu’elle avait dit. [...] Lorsqu’elle a été reprise pour ses déclarations mal placées, [elle] a expliqué qu’elle fréquentait l’Église “parce qu’elle était une pécheresse et non parce qu’elle était une sainte”.
Si je parle de cette histoire, ce n’est pas tant pour attirer l’attention sur cet événement en particulier, ni pour critiquer cette [femme], mais pour illustrer la réalité que le sexe avant le mariage, même pour de nombreux chrétiens, a perdu toute notion de stigmatisation. Il n’y a qu’à regarder n’importe quelle émission à la télé ou n’importe quel film qui montre des personnes amoureuses et on constatera que l’activité sexuelle entre des personnes non mariées est quelque chose de tout à fait normal et omniprésent. Il est bien possible que certains chrétiens se sentent mal à l’aise lorsque la culture met en avant la communauté LGBTQ, mais la plupart de ces mêmes chrétiens ne le remarqueront même pas lorsque, de manière systématique, les chansons populaires, les émissions télévisées, les vidéos ou les films montrent, décrivent, ou trouvent normale l’activité sexuelle avant le mariage. Si la mondanité signifie que tout ce qui est péché a une apparence de normalité et que, vivre dans la droiture a un air d’étrangeté (pour paraphraser David Wells), alors l’acceptation systématique de la relation sexuelle avant le mariage est l’un des signes les plus évidents de la mondanité de notre époque.
Le titre de cet article pose la question suivante: “Le sexe avant le mariage: où est le problème?” Je commencerai donc par démontrer, sur base de la Bible, qu'un tel comportement est clairement un péché. L’immoralité sexuelle (un terme rarement utilisé de nos jours) désigne les relations sexuelles entre deux personnes qui ne sont pas mariées. En termes traditionnels, l'adultère a souvent impliqué des relations sexuelles illicites alors qu’on est marié, et l’immoralité sexuelle des relations sexuelles illicites en dehors du lien du mariage. Le terme "immoralité sexuelle" est utilisé en 1 Corinthiens 6.18, mais le mot grec utilisé est porneia, qui englobe tous les types d'activités sexuelles illicites, de l'adultère à l'homosexualité, y compris la prostitution et les relations sexuelles avant le mariage.
La Bible ne s'étend pas beaucoup sur le péché de l’immoralité sexuelle parce que, dans l'esprit des auteurs bibliques, ce comportement était clairement et manifestement mauvais. On retrouve cette présomption à plusieurs endroits. Selon Exode 22.16-17, l'homme qui a des rapports sexuels avec une vierge avec qui il n’est pas fiancé, doit en faire sa femme, ce qui indique que le rapport sexuel est un acte d'alliance, et qu’il ne doit pas être pratiqué en dehors des liens du mariage. De même, selon Deutéronome 22.13-21, si une femme a des relations sexuelles avant le mariage, elle est considérée de la même manière qu’une prostituée. La Torah n'autorise pas les relations sexuelles avant le mariage.
Le Nouveau Testament reprend les mêmes limites sexuelles que l’on trouve dans l'Ancien Testament. Lorsque Joseph a cherché à rompre ses fiançailles en toute discrétion avec Marie qui était enceinte, il est évident qu'il pensait qu’elle avait commis quelque chose de mal et que toute la communauté allait également réprouver le comportement de Marie (Mt 1.19).
La Bible considère également qu'il est important que nous sachions que Marie était réellement vierge (Mt 1.20; Lc 1.34). De même, la logique de 1 Corinthiens 7 –selon laquelle il vaut mieux se marier que de brûler de passion (1Co 7.9)– ne fonctionne que sur l'hypothèse que l'activité sexuelle se situe dans le cadre du mariage et non en dehors du mariage. Le désir intense d'intimité sexuelle ne doit être satisfait que dans le cadre des liens du mariage entre un homme et une femme (1Co 7.36-38). Tout autre contexte d'intimité sexuelle est un péché. Cela signifie que l'activité sexuelle avant le mariage –qui comprend le rapport sexuel et, par extension, toute forme d'activité amoureuse impliquant les parties sexuelles– est interdite par Dieu.
Le fait que l’immoralité sexuelle est un péché devrait être évident, même après une lecture sommaire de la Bible. Mais comprendre pourquoi elle pose problème demande un peu plus de réflexion. Comme je l'ai dit plus haut, la Bible ne parle pas beaucoup des relations sexuelles avant le mariage. Mais on ne peut pas évaluer l'importance d'un sujet de la Bible, ou la gravité d’un péché, en comptant simplement le nombre de versets qui abordent la question. La lecture des Écritures nous donne à penser que le peuple de Dieu savait que l’immoralité sexuelle était manifestement répréhensible et qu’il n’y avait donc pas grand-chose à dire à part exposer les conséquences du péché et expliquer comment éviter et fuir le péché.
Néanmoins, si nous allons un peu plus loin et plus profondément dans nos réflexions, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la Bible place la relation sexuelle avant le mariage hors des limites du comportement sexuel admis.
En termes simples, l’immoralité sexuelle est un péché parce qu’elle est incompatible avec la nature de la relation sexuelle, celle du mariage et celle de la famille. Le mariage est un lien d’engagement entre un homme et une femme (Mal 2.14), un lien d’engagement scellé par l’union en une seule chair dans l’intimité sexuelle (Gn 2.24). Dans son livre Marriage as Covenant [Le mariage, une alliance], le pasteur et spécialiste biblique Gordon Hugenberger soutient de manière convaincante qu’à l’époque de l’Ancien Testament, le mariage se constituait de la proclamation d’un serment solennel (verba solemnia) qui est ensuite ratifié par le signe-serment du rapport sexuel. Les deux éléments devaient aller de pair, la promesse publique précédant la ratification privée. Comme le dit Hugenberger:
En raison de la nature forcément privée, mais non moins contraignante, de l’union sexuelle en tant que signe de serment, les verba solemnia complémentaires étaient particulièrement appropriées, puisqu’elles apportaient une preuve publique essentielle de la célébration d’un mariage.
Gordon P. Hugenberger, Marriage as Covenant, p. 216. Traduction libre.
Lorsque les couples ont des rapports sexuels avant le mariage, ils se livrent à quelque chose de privé dont le but est d’accomplir une promesse publique. Sans ce dernier, le premier n’est qu’une tentative de jouir des avantages de l’alliance sans y entrer de manière officielle.
L’expression "une seule chair" de Genèse 2.24 ne devrait pas être sous-estimée. D'un certain point de vue, on peut affirmer que l'expression "une seule chair" signifie qu’il ne devrait pas y avoir d'intimité sexuelle aussi longtemps que le couple n'est pas prêt à s'engager à être "uni" dans tous les autres domaines de la relation. L’acte sexuel est l’ultime et le plus intime des liens relationnels, et il ne doit pas avoir lieu si le couple ne s’est pas promis d'être lié l’un à l’autre pour la vie. C'est ce que l'on peut légitimement déduire de l'expression "une seule chair".
En même temps, le résultat le plus concret n’est pas l’unité dans l’intimité, mais l’unité biologique. C’est pour cette raison que les unions homosexuelles ne constituent pas un mariage et que les couples ne commettent pas d’immoralité sexuelle en se tenant la main ou en se serrant dans les bras. L'expression "une seule chair" ne se réfère pas à n’importe quel genre d’activité qui relie une personne à une autre physiquement. Un homme et une femme deviennent "une seule chair" lors d'un rapport sexuel parce que leurs corps individuels s'unissent dans un but biologique unique. Le mariage est le genre d'union qui, lorsque tout fonctionne correctement et intervient au moment opportun, produit des enfants. Cela ne signifie pas que chaque acte sexuel doit donner lieu à des naissances, mais que lorsque nous nous engageons dans une activité sexuelle, nous sommes conscients que notre union crée la vie. Les promesses échangées dans le mariage ne sont pas importantes pour les époux uniquement. Elles sont importantes pour les enfants qu'ils espèrent avoir et pour l'ensemble de la communauté, qui bénéficie des enfants nés de ce mariage et de leur éducation par leurs deux parents biologiques.
Les relations sexuelles avant le mariage compromettent tout cela. L’immoralité sexuelle n’est effective que si l’acte sexuel se situe hors des promesses qui constituent un mariage, dissocié de la dimension publique du mariage et dissocié des enfants normalement issus du mariage et qui s'épanouissent le mieux dans ce cadre.
La Bible dit clairement et explicitement que c’est mal de s’engager dans des relations sexuelles avant le mariage. Elle nous enseigne tout aussi clairement, même si c’est plus implicitement, qu’entretenir des relations sexuelles avant le mariage est un acte d’égoïsme sur le plan personnel et constitue une subversion publique des biens que le mariage est censé promouvoir et protéger.
Ce serait malvenu de ma part de ne pas offrir un mot d'espoir à ceux qui savent déjà qu’avoir des relations sexuelles avant le mariage est un péché et qui se sentent très mal à l’idée d’avoir commis ce péché. L’impureté sexuelle n'est pas le péché impardonnable, et elle ne condamne pas non plus quelqu’un à une vie de citoyen spirituel de seconde zone. Pensons à la seconde chance donnée à la prostituée Gomer dans le livre d'Osée. Pensons à ceux qui ont commis des péchés liés au sexe dans la généalogie de Jésus. Pensons aux pécheresses qui ont rencontré la grâce de Dieu en Jésus. Plus important encore, pensez à la croix où tous nos péchés peuvent être lavés et rendus plus blancs que neige.
Marchons dans la lumière comme Dieu est dans la lumière (1Jn 1.7). Il est vrai que les relations sexuelles avant le mariage sont un péché, mais si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner et nous purifier de toute iniquité (1Jn 1.9).
Article traduit de l’anglais, avec autorisation de l’auteur. Retrouvez l’article original sur ClearlyReformed.org.
webinaire
De l'amitié au mariage: les 4 étapes de l'intimité
Ce replay du webinaire de Nicolas VanWingerden a été enregistré le 12 février 2020.
Orateurs
N. VanWingerden