Comprendre la justice de Dieu face aux péchés sexuels (Deutéronome 22.22-29)

Textes difficilesDoctrine du péchéSexualité

Suite à notre discussion avec Pauline dans Chrétienne sur les abus sexuels, j'ai souhaité apporter quelques éclairages sur le texte de Deutéronome 22.22-29. Ces versets font souvent l'objet de mauvaises interprétations qui pourraient amener de la confusion.

Selon une étude de l'institut suédois Karolinska de 2017, près de 70% des femmes victimes de viol déclarent avoir été paralysées face à leur agresseur. Cette sidération, qui empêche les victimes de viol de crier à l'aide, découle d'un des mécanismes du cerveau qui s'enclenche face à des traumatismes violents. Il est évident que le Dieu créateur dans lequel nous croyons, détient une connaissance parfaite de notre corps et de notre cerveau qui va bien au-delà du niveau des spécialistes actuels. La loi de Deutéronome 22 est en ce sens un cadeau du Dieu créateur, un cadeau bon et parfait pour nous encore, citoyennes du 21ᵉ siècle. Ce texte ne juge pas, ni ne condamne une femme qui n'aurait pas crié alors qu'elle subissait une torture sexuelle indicible. Il est porteur d'un message de justice pour les victimes de violences sexuelles.

La loi de Dieu condamne les relations sexuelles illicites

22 Si l'on surprend un homme en train de coucher avec une femme mariée, tous les deux, l'homme et la femme, seront mis à mort. Ainsi, vous ferez disparaître du milieu d'Israël la souillure qu'entraîne le mal.


23 Si une jeune fille vierge est fiancée à quelqu'un et qu'un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle, 24 vous les amènerez tous les deux à la porte de la ville et vous les ferez mourir à coups de pierres. La jeune fille mourra parce qu'elle n'a pas appelé au secours, bien que cela se soit passé en ville, et l'homme parce qu'il a déshonoré la femme de son prochain. Ainsi, vous ferez disparaître du milieu de vous la souillure qu'entraîne le mal. 25 Mais si c'est en pleine campagne que l'homme trouve la jeune fille fiancée et qu'il la viole, lui seul sera mis à mort. 26 Vous ne ferez rien à la jeune fille, car elle n'a pas commis de faute qui mérite la mort. En effet, elle s'est trouvée dans le même cas que lorsqu'un homme attaque son prochain et le tue. 27 Puisque c'est en plein champ que l'homme l'a rencontrée, elle aura eu beau crier, personne n'est venu à son secours.


28 Si un homme rencontre une jeune fille non fiancée, qu'il s'empare d'elle et couche avec elle et qu'on les prenne sur le fait, 29 l'homme qui a couché avec elle versera au père de la jeune fille cinquante pièces d'argent et devra l'épouser puisqu'il l'a violée. De plus, il ne pourra jamais la renvoyer tant qu'il vivra.

Deutéronome 22.22-29

Le passage de Deutéronome fait partie d'une section de loi (Chapitres 22 à 26) qui examine diverses situations sociales et familiales dans le but de favoriser une bonne pratique de la justice selon Dieu. Dieu donne ses bonnes lois, car il veut élever son peuple en gloire, en renommée et en dignité au-dessus de toutes les autres nations qu'il a créées (Dt 26.19). Le projet que Dieu poursuit avec son peuple est celui de la sanctification. Dans la loi de Dieu, des conduites sont souvent mises en parallèles: la bonne conduite est celle qui honore Dieu, la mauvaise conduite est celle qui fait honte. La bonne conduite mène à la vie, la mauvaise promet une mort certaine. Après des centaines d'années passées en Égypte, les Israélites reçoivent cette loi comme un acte de grâce de la part de Dieu qui désire vivre au milieu de son peuple.

La section de Deutéronome 22.22-29 décrit 4 situations de relations sexuelles illicites. Les deux premiers cas condamnent l'adultère et les deux derniers le viol.

Pour chaque cas de figure, nous allons voir ce que Dieu condamne et la manière dont il demande à son peuple d'appliquer sa justice.

Dieu condamne l'adultère

Le mariage constitue une alliance de très grande valeur. Cet engagement est le plus fort qui puisse exister entre un homme et une femme. Dans les 10 commandements, 2 sont réservés à protéger l'alliance du mariage:

  • Tu ne commettras point d'adultère (Dt 5.18)
  • Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain (Dt 5.21).

Mais concrètement, qu'est-ce que cela va impliquer dans la nouvelle vie des Israélites? Comment peuvent-ils honorer Dieu à travers leur respect du mariage, à l'inverse des autres nations? C'est à ces questions que le texte de Deutéronome 22 répond.

Deutéronome 22.22 condamne l'attitude d'un homme qui irait vers une femme mariée pour coucher avec elle. Dans ce cas de figure, la femme est présupposée consentante. Leur agissement est scandaleux. Dieu a en horreur l'infidélité et aucune excuse ne peut être recevable. La condamnation est sans appel pour eux, ce sera la peine capitale.

Deutéronome 22.23-24 condamne l'attitude d'un homme qui irait vers une femme fiancée pour coucher avec elle. Les fiançailles étaient à l'époque un engagement plus fort que celui que nous connaissons aujourd'hui. Les fiancés étaient déjà sous le couvert d'une alliance, mais ils ne pouvaient pas encore vivre ensemble tant que les noces officielles n'avaient pas été célébrées. La femme est dans ce cas de figure présupposée consentante, car elle n'est pas allée se plaindre alors qu'elle en avait non seulement l'occasion, mais le devoir vis-à-vis de son fiancé. Leur agissement est donc tout autant scandaleux que dans la situation précédemment exposée. L'homme a déshonoré la femme fiancée et la femme n'a pas crié à l'injustice, comme si ses fiançailles n'avaient pas d'importance à ses yeux. La peine capitale est aussi prononcée dans ce cas de figure.

Ce qui est flagrant dans ces deux situations est le fait que l'homme et la femme consentants dans l'adultère sont responsables de leur acte et solidaire dans la condamnation. Ils sont conjointement invités à accorder à l'alliance du mariage autant d'importance que celle que Dieu lui octroie. Nous sommes invités à résister à la séduction extra-conjugale, à renoncer à l'idée d'être infidèle et à ne pas porter atteinte aux alliances établies par Dieu. Cette attitude est celle qui honore Dieu et qui est une marque distinctive de son peuple par rapport aux autres nations qui vivent comme bon leur semble. Cela est confirmé dans le Nouveau Testament à plusieurs reprises, et notamment en Hébreux 13.4:

Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les impudiques et les adultères.

Lorsque nous examinons cette loi au regard de l'ensemble des Écritures, nous pouvons constater que la peine capitale est infligée à ceux qui se perdent dans l'adultère (Pr 6.32). En agissant de la sorte, ils déshonorent Dieu et sont sous-exposés à son jugement. Pour autant, nous voyons que cela n'annule pas le mariage existant. Ceux qui reconnaissent leur mauvaise conduite et changent leur manière de vivre, montrent par là que la loi de Dieu est gravée dans leur cœur et qu'ils aspirent à marcher dans l'intégrité et à pratiquer la justice (Ps 15.2). Pour autant, les conséquences de la transgression sont bien réelles. Nous voyons cela par exemple dans l'adultère de David et Bath-Shéba en 2 Samuel 11. Selon Deutéronome 22.22, ils auraient dû être condamnés à mort. Sans l'intervention du prophète Nathan et les attitudes honteuses de David misent à nu qui l'a conduit à la contrition, l'issue de la chute d'un héros aurait peut-être été différente. Pour autant, ils ont dû supporter les conséquences de leur tromperie.

Dieu condamne le viol

Deutéronome 22.25-27 condamne un homme qui agit violemment envers une femme fiancée et qui la contraint à coucher avec elle. Cette distinction dans la manière dont l'homme agit (avec violence) envers la jeune fiancée par rapport aux versets précédents est importante, car cela induit un non-consentement indiscutable. Seul l'agresseur est alors condamné à mort dans cette situation. Il a maltraité une femme mariée et cette attitude est des plus détestables pour Dieu. Il est jugé également à un homme qui commet un homicide volontaire. La gravité de son acte pèse lourd dans la balance de la justice. La femme agressée est totalement innocente, rien ne peut lui être reprochée.

À la première lecture, nous pourrions comprendre que ce qui distingue l'adultère aux versets 23-24 du viol aux versets 25-27 est le lieu où les faits se déroulent. Mais ce qui distingue les deux situations et implique un jugement différent est la violence employée par l'homme et l'absence de consentement par la femme (verset 27). Ces deux arguments sont renforcés par l'indication du lieu. Une ville est lieu public dans laquelle il existe un système judiciaire que l'on peut solliciter et où tout se sait. Il y a forcément des témoins, des passants dans une ville. Un champ est un lieu privé, reculé, loin des chemins et de témoins éventuels. C'est pour cela qu'au verset 27, il est dit "puisque c'est en plein champ que l'homme l'a rencontré, elle aura eu beau crier, personne n'est venu à son secours.". Ici, nous pouvons donc comprendre que le viol, quel que soit l'endroit où il se déroule, est bien condamné par Dieu.

Deutéronome 22.28-29 juge un homme qui agit violemment envers une jeune fille vierge non fiancée et qui couche avec elle. Dans ce cas de figure, aucune alliance n'est affectée par le viol de cet homme. L'agression est indiscutable dans ce texte. Dans le verset 29, la version Segond dit que l'homme a déshonoré la jeune fille, alors que la version Semeur dit que l'homme l'a violée. Il y a eu maltraitance et l'homme est ici invité à rendre à cette femme la dignité qu'elle a perdue et à prendre soin d'elle durant le reste de sa vie. Le verset 29 fait allusion à Exode 22.15-16. Il revenait au père de la jeune fille d'autoriser le mariage, c'est-à-dire d'examiner le changement d'attitude de l'homme et sa capacité à prendre soin et honorer sa fille jusqu'à la mort. Si l'homme en question était jugé inapte à un tel engagement, le père pouvait tout à fait refuser de la donner en mariage. On voit ici la grâce de Dieu qui ouvre une porte de salut pour celui qui reconnaît sa transgression. On voit aussi un Dieu protecteur qui veille à ce que le père, la personne qui veille avec zèle à l'intégrité de fille soit décisionnaire de l'issue.

Lorsque nous voyons ces lois sur le viol au regard des Écritures, nous pouvons comprendre qu'elles constituent un sévère avertissement à ceux qui voudraient maltraiter sexuellement une femme. Sichem qui a violé Dina (Gn 34) et Amnôn qui a violé sa demi-sœur, Tamar (2S 13), en ont payé le prix de leur vie. Une lourde sentence pèse sur ceux qui commettraient de telles atrocités et Dieu, dans sa bonté, les avertit par sa Parole et se tient toujours prêt à recevoir un agresseur repentant.

Que ces avertissements sur l'adultère et le viol, puissent résonner encore dans nos églises qui en ont tant besoin. Que nos fils et nos filles comprennent la valeur d'une vie humaine, l'importance d'un mariage et les terribles implications d'une sexualité illicite. Que nous puissions tous, célibataires ou conjoints, glorifier Dieu, dans notre corps et rechercher ce qui est digne à ses yeux.

Aurélie Bricaud

Aurélie est engagée dans un ministère auprès de la jeunesse depuis 2008. Après s’être formée en théologie et à l'accompagnement biblique, elle souhaite encourager les chrétiens à mieux comprendre l'Évangile pour le mettre en pratique dans tous les domaines de leur vie. Elle est mariée à Sylvain, et maman de 2 enfants. Ensemble, ils dirigent Teen Ranch, un centre de vacances chrétien située en France. Depuis mai 2021, elle coanime le podcast Chrétienne, avec Angie Thornton.

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