L’Ecclésiaste, médecin de l’âme

Vision chrétienne du monde

Le livre de l’Ecclésiaste nous étonne par son actualité. Il mène une réflexion philosophique tout à fait pertinente pour nos contemporains. “Quel est le sens de la vie?” Voici la question qui se trouve au cœur du livre. Comme un médecin, l’Ecclésiaste observe des symptômes, pose un diagnostic et met en place un traitement. Passons donc au travers de ces trois étapes pour bien comprendre le raisonnement du livre.

Les symptômes: un sentiment de vide

Au fil des chapitres 1 à 5, l’Ecclésiaste explore différents domaines pour avoir une vue d’ensemble sur le problème. Comme un médecin, il pose plusieurs questions et prescrit un ensemble d’examens, afin d’avoir une vue d’ensemble avant de poser le diagnostic.

  • La première moitié du chapitre 1 évoque les grands cycles de la vie… et conclût qu’ils sont vains.
  • La deuxième moitié du chapitre 1 évoque la sagesse… et conclût qu’elle est vaine.
  • La première moitié du chapitre 2 évoque les plaisirs… et conclût qu’ils sont vains.
  • La deuxième moitié du chapitre 2 évoque la vie et la mort… et conclût que la mort rend la vie vaine.
  • La première moitié du chapitre 3 évoque Dieu… et conclût que la vie a un sens pour Dieu, mais pas réellement pour l’être humain.
  • La deuxième moitié du chapitre 3 évoque la justice… et conclût que la justice est vaine, car le bon meurt comme le méchant.
  • La première partie du chapitre 4 évoque les problèmes sociaux… et conclût que la vie est injuste et vaine.
  • La deuxième partie du chapitre 4 évoque la solitude… et conclût que la solitude n’est pas une solution.
  • La troisième partie du chapitre 4 évoque les dangers de la langue… et conclût que beaucoup d’absurdités peuvent sortir de la bouche.
  • Le chapitre 5 évoque les richesses… et conclût qu’elles sont éphémères et vaines.

En un mot: rien n’a de sens. Tout est éphémère et vain. Dieu seul est durable, mais cela ne change pas grand-chose pour l’être humain. Après cette première phase visant à comprendre le problème, l’Ecclésiaste observe qu’un sentiment de vide, d’absurdité, d’éphémérité et de vanité.

Le diagnostic: un cœur sans fond

Dans la structure du livre, le chapitre 6 est charnière. C’est là que le problème de fond est enfin révélé. Le diagnostic est posé. La maladie provoquant ce vide est identifiée.

Le problème n’est pas extérieur à l’homme (ses richesses ou son manque de richesses, sa manière de vivre, les gens qui l’entourent… toutes ces choses ont le même résultat). Le problème est intérieur: le cœur de l’homme n’a pas de fond. On peut lui en donner toujours plus, il ne sera jamais comblé.

Ce diagnostic est fondamental pour comprendre la nature humaine, mais aussi pour affronter les vicissitudes de la vie.

Le traitement: une relation avec Dieu

Une fois le diagnostic posé, il est temps de mettre en place un plan de traitement. C’est ce que l’Ecclésiaste fait dans les chapitres 7 à 12. Le traitement se divise en deux axes: les chapitres 7 à 11.8 et les chapitres 11.9 à 12.14.

Le premier axe prodigue des conseils pratiques pour la vie de tous les jours. L’Ecclésiaste donne plus particulièrement une série de recommandations qui permettra de cultiver une attitude et une vision de l’existence qui fera percevoir la vie comme moins absurde. Cette section ressemble un peu au livre des Proverbes. La plupart de ces conseils ne consistent pas en une action à mener, mais seulement en une nouvelle perspective à adopter.

Finalement, le deuxième axe regarde vers l’avenir lointain. Vers la vieillesse, vers la mort et vers le jugement. Tout est vain à cause du caractère éphémère de la vie. Mais Dieu n’est pas éphémère. Par conséquent, une vie éternelle avec Dieu, en passant au travers du jugement, échappe à la vanité. Par conséquent, toute la vie doit être vécue dans la perspective de la vieillesse, de la mort et du jugement pour prendre du sens. C’est dans la relation avec Dieu, dans la perspective d’une relation éternelle avec lui, que nous échapperons finalement au problème de l’Ecclésiaste.

Une fin qui appelle une deuxième lecture

Avez-vous déjà vu un film dans lequel la fin change tout? Quand on a vu ce genre de film, on a souvent envie de le revoir pour mieux comprendre les détails qui nous avaient échappés, et comment la fin nous permet de comprendre l’ensemble.

Il en va de même avec l’Ecclésiaste. La dernière partie du livre donne la réponse ultime au problème qui traverse toute la réflexion. Une fois qu’on l’a lue, il faut relire tout le livre pour mieux comprendre, dans chaque partie, comment la perspective finale vers la mort et le jugement nous permet de mieux comprendre l’ensemble.

Jonathan Meyer

Jonathan Meyer est pasteur à l’Église de l’Action Biblique de la Servette à Genève. Il est marié et père de 4 enfants. Passionné par la lecture de la Parole, Jonathan a créé un plan de lecture de la Bible en 3 ans à suivre avec son Église locale.

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