En souvenir de mon grand-père Charles Eggen (1935-2022)

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Mon grand-père, Charles Eggen, est parti rejoindre le Sauveur qu'il a proclamé durant toute sa vie. En souvenir de sa vie, voici quelques-unes des leçons spirituelles que j’ai apprises de lui.

Nous savons que la mort est une certitude dans ce monde marqué par le péché. Elle nous concerne tous: chacun de nous individuellement et chacun de nos proches. Pourtant, la mort est toujours imprévue, brutale, et triste.

Nous nous consolons et réjouissons dans le fait que Charles est pour « toujours avec le Seigneur » (1Th 4.17). Il est « avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur » (Ph 1.23). Lorsque l’on meurt dans le Seigneur, ce n’est pas dur pour celui qui part, mais pour ceux qui restent.

Mon grand-père était pasteur en France durant une bonne partie de sa vie. C’était également un évangéliste passionné. Il a eu beaucoup d’influence sur ma vie et sur mon ministère en tant que prédicateur de l’Évangile. Pour nous qui restons, j’aimerais donc partager quatre domaines dans lesquels mon grand-père Charles m’a influencé.

1. Montrer la grandeur de Jésus

Le sujet central et régulier des prédications de Charles n’était pas original, mais il était profondément biblique: c’était Jésus-Christ.

Charles s’attachait aux paroles de l’apôtre Paul qui déclarait aux Corinthiens: « Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. » (1Co 2.2)

Dans mes souvenirs, les prédications de mon grand-père n’étaient pas marquées par la sagesse du langage, par l’humour, ou par quelque autre artifice humain, mais elles étaient marquées par la grandeur de Jésus-Christ.

Mon grand-père est l’un de ceux qui m’ont aidé à voir la place centrale de Christ dans la foi chrétienne. Cela peut paraître une évidence, dit comme cela. Bien sûr que Christ est au centre de la foi chrétienne! Et pourtant, nous pouvons tellement facilement limiter la foi chrétienne à un ensemble de discours théoriques, à des récits historiques qui ne nous concernent pas, ou à des règles que nous suivons sans raison. En ce faisant, nous oublions que la foi chrétienne trouve son centre et sa raison seulement en Christ. C’est lui le cœur qui fait battre toute l’Écriture, le soleil autour duquel tout le système biblique s’oriente.

Un verset qu’il citait souvent était Actes 8.5: « Philippe, étant descendu dans la ville de Samarie, y prêcha le Christ. »

À ce sujet, il commente dans l’une de ses notes: « Il prêcha le Christ. Voici un message simple, clair et efficace. Pas de la philosophie, des grandes théories, mais une personne. »

C’est à cette personne – Jésus-Christ – que mon grand-père s’est attaché durant sa vie. C’est cette personne que sa vie m’a appris à aimer et proclamer de toutes mes forces.

2. La simplicité de discours

Il m’encourageait souvent à penser aux gens simples et sans éducation lorsque je prêchais. Ils ont aussi besoin d’entendre parler du Seigneur Jésus. Charles savait être suffisamment simple sans être superficiel pour autant, de manière à leur donner la nourriture spirituelle dont ils avaient besoin.

Cela m’a souvent frappé chez lui: il ne prenait pas quatre chemins pour annoncer la vérité, mais il la proclamait telle qu’elle était, dans toute sa simplicité. En ce faisant, il présentait l’Évangile tel qu’il est, dans toute sa puissance.

On pourrait dire de lui ce que R.G. Letourneau, un évangéliste du 20ème siècle, disait de lui-même: « Il se peut que ma grammaire laisse à désirer, mais je suis heureux de connaître quelque chose de la puissance de l’Évangile ». Charles connaissait quelque chose de la puissance de l’Évangile. Et il savait proclamer cet Évangile avec simplicité.

Ne complexifions pas l’Évangile. C’est vrai que, comme on le dit souvent, l’Évangile est un message si profond qu’il peut occuper les études d’un homme durant toute sa vie. Mais n’oublions pas qu’il est aussi si simple qu’il peut être compris par un petit enfant, ou par un simple homme sans éducation.

3. Le danger de la théologie

Une chose que Charles me répétait souvent, à moi et à mon cousin Maxime Georgel, c’était: « ne devenez pas des théologiens! » Sa plus grande crainte était que l’un de ses petits-enfants devienne un théologien. J’avais un peu peur de lui annoncer que j’écrivais un livre sur la théologie pour les jeunes!

Avec tout le respect que je lui dois, je crois que sa formulation était un peu maladroite, car ce qu’il voulait dire par là n’était pas: « n’étudiez pas la Bible » ou « ne réfléchissez pas trop aux doctrines que la Bible enseigne ». Plutôt, sa crainte était que ses petits-fils deviennent comme certains « théologiens » qu’il a rencontrés durant sa vie: des gens pour qui la foi chrétienne était intellectuelle uniquement, qui oubliaient la centralité de Christ et de l’Évangile, et qui en venaient même à rejeter les doctrines essentielles de la foi (l’inspiration et l’autorité de l’Écriture, la résurrection de Christ, etc.). Il avait vu de ses propres yeux le danger d’un « intellectualisme évangélique », qui a l’apparence de la piété, mais qui en renie ce qui en fait la force (cf. 2Tm 3.5).

Dans ce sens, mon grand-père a fait de moi un meilleur théologien. Il m’a montré que la théologie – l’étude des vérités que la Bible enseigne – ne doit jamais être déconnectée de notre vie de piété, de notre amour pour le Seigneur, de notre croissance dans la grâce, et de notre désir de voir des âmes sauvées pour Christ. En fait, la vraie théologie doit nous aider à grandir dans tous ces domaines. Ce qui rentre dans notre tête doit descendre jusque dans notre cœur, et nous pousser à plus d’amour et de consécration pour le Seigneur.

4. Le zèle pour l’annonce de l’Évangile

Charles ne pouvait pas ne pas parler de Jésus à ceux qu’il rencontrait. Il cherchait toujours à encourager les uns et les autres à lire la Bible, au moins une fois dans leur vie. Il voulait que les gens découvrent par eux-mêmes le message central que la Bible enseigne concernant le péché, la condamnation de l’homme, et le salut en Jésus.

Pour être honnête, nous avons souvent été gênés par les conversations qu’il commençait avec des inconnus et les évangiles qu’il distribuait à ceux qu’il rencontrait dans son quotidien. Mais quel bel exemple pour nous!

Il savait que le message de l’Évangile n’était pas juste un beau message, mais un beau message qui était vrai. Il y a réellement un jugement qui attend chaque être humain sur cette terre. Un jugement éternel et mérité. La seule manière d’échapper à ce jugement est de se confier désespérément dans le Sauveur que Dieu a donné: le Seigneur Jésus. Puissions-nous, nous aussi, vivre comme si ce message était vrai – car il l’est.

La meilleure manière de lui rendre hommage…

La dernière fois que j’ai entendu mon grand-père prêcher, c’était en janvier 2016. Il parlait d’un frère qui sur son lit de mort avait donné comme encouragement: « Présentez Jésus dans sa grandeur. » Charles nous encourageait alors à magnifier le Seigneur Jésus, à le présenter dans toute sa gloire et sa majesté. C’est ce que Charles a fait avec toute sa vie. La meilleure chose que nous puissions faire, chacun de nous, pour lui rendre hommage, est de faire la même chose avec nos vies. Que le Seigneur nous vienne en aide.


La cérémonie de reconnaissance pour la vie de Charles Eggen (1935-2022) a eu lieu le samedi 2 avril, avec une retransmission en direct sur YouTube.

Je vous invite également à lire l’article de mon cousin Maxime Georgel: Charles était notre grand-père en commun, et il nous a tous les deux beaucoup influencé.

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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