Quand Calvin nous aide à prier

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Les propos de Calvin sur la prière sont profondément édifiants. Je vous en partage quelques pépites, accompagnées de mes réflexions personnelles sur leur pertinence pour notre vie de prière aujourd'hui.

Il y a quelques temps, pour le cours de piété personnelle à l’Institut Biblique de Bruxelles, j’ai été amené à lire la partie sur la prière dans l’Institution de Jean Calvin (III, XX, p.784-852 de l’édition en français moderne). Ses propos sont très pertinents pour nous, chrétiens évangéliques du 21ème siècle. Je vous encourage à lire toute la section, mais voici en attendant un petit avant-goût. Trois citations accompagnées de mes réflexions.

Pas autosuffisants, mais dépendants

Connaître Dieu comme notre maître, l’auteur et la source de tous biens -qui nous invite à les lui demander- et ne pas s’adresser à lui, ne rien lui demander, ne serait d’aucun profit pour nous. Ce serait même ressembler à quelqu’un qui mépriserait et laisserait enseveli et caché un trésor qu’on lui aurait signalé!

IC, III, 20, 1

Si nous avons tellement de mal à prier, c’est peut-être parce que nous pensons être autosuffisants. Nous avons tout aujourd’hui: rapidité de transport, rapidité de communication, besoins physiques comblés en un clin d’œil. Ce sentiment d’autosuffisance nourrit l’idée selon laquelle nous pourrions nous débrouiller seuls, et vivre notre vie sans Dieu, ou en faisant appel à lui seulement en cas de besoin plus important. Bien sûr, nous n’allons jamais affirmer cela à haute voix. Mais en regardant ma vie, je remarque que bien trop souvent, je vis comme si je déclarais à haute voix « tout va bien, je gère! ». Cependant, vivre ainsi c’est oublier totalement, comme nous le rappelle Calvin, que Dieu est l’auteur et la source de tous biens, et il nous invite à les lui demander.

De plus, Calvin souligne ici que le désir de prier a une motivation positive, et non négative. La prière est un privilège, pas un fardeau: il y a un trésor, là, à notre disposition, et nous sommes appelés à en profiter!

Pas avec arrogance, mais avec soumission

[Dieu] n’interdit pas de persévérer dans la prière et de recommencer, longuement et souvent, avec zèle, mais il nous enseigne à ne pas espérer contraindre Dieu à nous accorder ce que nous lui demandons en l’importunant avec une vaine loquacité. Comme si, à force de paroles, il pouvait se laisser fléchir, comme c’est le cas chez les êtres humains!

IC, III, 20, 28

L’idée plane dans nos milieux évangéliques de croire que l’exaucement que nous aurons à nos prières dépend de notre ténacité et de notre capacité à persévérer. Oui, il est vrai que la prière fervente du juste a une grande efficacité, et que Elie a prié avec ferveur (cf. Jacques 5.16-17). Cependant, nous ne devons pas croire que notre persévérance humaine pourrait contraindre Dieu à nous donner ce que nous voulons, comme un parent qui cèderait au caprice de son enfant. Comme si, par notre persévérance, Dieu se laisserait contraindre, presque lassé, pour nous donner ce que nous avons demandé.

Pas avec légèreté, mais avec crainte

De fait, si la majesté de Dieu, qui nous fait trembler, nous vient à l’esprit, il est impossible que nous ne soyons pas épouvantés et que le sentiment de notre indignité ne nous effraye pas et ne nous donne pas envie de fuir, jusqu’à ce que Jésus-Christ s’avance et s’interpose pour changer le trône de gloire, qui nous impressionne, en trône de grâce.

IC, III, 20, 17

Si l’on compare l’époque où nous sommes avec le passé (l’époque de Calvin par exemple), il faut avouer que nous avons perdu en partie le sentiment de révérence et de respect vis-à-vis des choses spirituelles. Cela est vrai dans la société en général, mais aussi chez nous, croyants. Nous nous sommes peut-être attachés à une vision trop facile de la grâce et du pardon. De ce fait, nous risquons de penser pouvoir nous approcher de Dieu « à la légère », sans réaliser la majesté du Dieu auquel nous parlons. Nous avons tellement prié que cela devient une activité banale, un devoir religieux. Des mots sans cœur. Les propos de Calvin nous appellent à garder une révérence profonde dans nos cœurs, en réalisant que nous, êtres humains, sommes en train de nous approcher du Dieu de l’univers.

Cependant, Calvin nous rappelle aussi que cette crainte n’est pas une peur servile, comme si nous nous approchions d’un père sévère. Cette crainte et cette révérence est justement renforcée par la vision de la grâce de Dieu, en Jésus, qui change le trône de gloire en trône de grâce.

Pour aller plus loin sur le sujet de la prière:

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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Orateurs

R. T.