4 moyens de pratiquer régulièrement le grec après l'institut biblique

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Pour ne pas oublier le grec, il faut le pratiquer régulièrement. Comment faire au milieu de la course de la vie ? Voici quatre moyens qui s'intègrent facilement à des agendas chargés.

J’ai eu le privilège de pouvoir étudier le grec et l’hébreu pendant 4 années à l’Institut Biblique de Bruxelles. Je ne regrette absolument pas les heures passées devant les tableaux de conjugaisons, le vocabulaire et les structures de phrases qui me faisaient des nœuds au cerveau. Je vois comment tout ceci me sert aujourd’hui (mais ça, c’est pour un autre article).

Cependant voilà, cela fait maintenant presque 2 ans que j’ai terminé l’institut biblique, et je n’ai plus d’interros pour m’obliger à réviser mon grec ou mon hébreu. Je cours donc le danger, non seulement de ne plus progresser, mais aussi d’oublier ce que j’ai appris. Et on sait tous que dans un quotidien rempli de diverses obligations liées au ministère et à la vie personnelle, les langues bibliques sont les premières à passer à la trappe.

Voici donc 4 pistes que j’utilise (pas toutes en même temps – parfois l’une et parfois l’autre) pour intégrer le grec à mon quotidien afin de ne pas le perdre.

1. Une vidéo de 3 minutes chaque jour

DDOG (Daily Dose of Greek), ce sont des vidéos de 2-3 minutes où Robert Plummer analyse et traduit un verset du grec à l’anglais. C’est excellent, parce que:

  • Ces vidéos sont courtes, donc elles s’intègrent facilement à un quotidien chargé.
  • C’est régulier (une nouvelle vidéo chaque jour).
  • Vu que Robert Plummer analyse et traduit le verset, c’est « simple » dans le sens où cela ne demande pas une concentration intense, comme lorsque l’on doit traduire un verset à partir de zéro, par exemple.
  • Cela permet de revoir, au fil des vidéos, des règles de grammaire ou de conjugaison apprises mais (un peu) oubliées.

Il est vrai que les habitudes, même si elles sont peu coûteuses en terme de temps, sont difficiles à mettre en place. Vous pouvez donc essayer de « lier » ces vidéos à une autre habitude déjà acquise que vous avez (regarder ces vidéos après votre culte personnel, ou après vous être brossé les dents, ou avant d’aller dormir). Vous pouvez aussi trouver quelqu’un avec qui regarder ces vidéos (ou vous envoyer un message quand vous l’avez regardé), cela aide à maintenir l’habitude.

2. Réviser son vocabulaire, un peu chaque jour (avec Anki)

Un des souvenirs que tous les étudiants des langues bibliques partagent, ce sont les heures passées à essayer de faire rentrer le vocabulaire dans sa mémoire, parfois en utilisant des moyens mnémotechniques à se tirer les cheveux! Une fois que le mot est rentré, il faut le répéter régulièrement pour éviter de l’oublier. D’où l’importance de répéter son vocabulaire.

Pour cela, il est possible d’utiliser un logiciel comme Anki. C’est un logiciel (version web ici) de mémorisation, qui fonctionne sous forme de cartes (au recto on met le mot en grec, au verso le mot en français). L’avantage d’Anki c’est qu’il s’adapte à ce que nous connaissons: il ne nous affichera que le vocabulaire que nous sommes sur le point d’oublier. Donc par exemple, il ne vous demandera pas de répéter logos tous les jours. Les mots simples seront mis de côté, et seuls les mots que vous n’avez pas encore intégré dans votre mémoire à long terme vous seront demandés.

J’aime cette méthode parce qu’elle s’adapte à nos disponibilités. Fixez-vous un objectif (le nombre de cartes que vous voulez réviser chaque jour), et c’est tout. Cela peut-être 10 minutes par jour, 1 minute ou plus: à vous de choisir. J’ai fait cela pendant plusieurs mois et cela m’a vraiment aidé à rafraîchir mon vocabulaire. À la fin, vu que j’avais dans ma mémoire « long terme » la plupart du vocabulaire que j’avais mis sur Anki, je n’avais plus qu’à faire 1 minute de grec chaque jour pour m’assurer de garder tout mon vocabulaire

Le désavantage, c’est qu’il faut rentrer son vocabulaire sur Anki (ça peut prendre du temps). J’ai déjà fait cela pour tout le manuel de Jeremy Duff (pour le grec) et de Dany Pegon (en hébreu). Je peux vous envoyer les fichiers que vous aurez juste à importer si ça vous intéresse. Ou s’il y a de la demande, je peux les partager dans un prochain article avec un tutoriel d’utilisation d’Anki.

3. Lire en grec dès que possible

Je ne lis pas la Bible dans les langues originales pour mon culte personnel (vu que je suis encore débutant, mon culte perso se transformerait vite en cours académique de traduction). Mais j’ai quand même pu, à certains moments, lire certains livres dont le grec est plus facile. Par exemple l’évangile de Jean, ou les épîtres de Jean. C’était vraiment super de lire ces livres dans leur entièreté, en comprenant ce que je lisais. Vu que le grec de ces livres n’est pas compliqué, c’est souvent le vocabulaire qui me manquait, mais ça se complétait assez vite avec une traduction française à côté. J’essaye donc de faire cela de temps en temps pour garder le grec « frais » dans ma mémoire.

Et même sans tout comprendre, cela reste utile de lire régulièrement en grec. C’est ce que Constantine R. Campbell montre dans son petit livret Keep Your Greek, Strategies for Busy People (excellent à lire pour voir comment garder son grec quand on est trop occupé pour le faire!).

4. Utiliser le grec dans la préparation des prédications

C’est le moyen que je trouve le mieux pour continuer à progresser et ne pas oublier ce que j’ai appris: lorsque je dois prêcher sur le Nouveau Testament, j’essaye de me servir au maximum du grec. Cela peut aller d’une traduction à partir de zéro (si j’ai plus de temps), ou d’une simple consultation de temps à autre pour des questions de traduction. Non seulement cela est très précieux pour l’exégèse du texte que je vais prêcher (après tout, c’est pour cela qu’on étudie le grec!), mais aussi cela me permet de revoir des règles de grammaires ou du vocabulaire que j’ai oublié, ou d’apprendre de nouvelles choses.

Tenez bon!

Ces 4 méthodes n’exigent pas une grande configuration (sauf peut-être la deuxième). Il faut surtout une bonne motivation pour tenir sur le long terme. Pour cela, c’est utile de mettre ça dans sa to-do list récurrente, ou de trouver un ami à qui être redevable.

Il faut aussi dire que je reste débutant, à la fois dans l’étude des langues bibliques et dans le ministère. Je ne prétends donc pas avoir fourni ici la manière parfaite de garder son grec. Et il faut toujours se souvenir que la vie quotidienne est bien plus complexe qu’un article en 4 points.

Que le Seigneur nous donne d’avoir, non seulement les compétences, mais aussi le cœur pour creuser sa parole précieuse, pour la mettre en pratique, et pour l’enseigner à d’autres.

Pour aller plus loin, voici deux articles sur le sujet:

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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