La meilleure manière de mal lire l'Ancien Testament

Histoire du Salut

Vous voulez mal lire et appliquer l'Ancien Testament? Voici la meilleure méthode pour le faire... mais également une manière de l'éviter!

L’Ancien Testament est important: il fait partie de la Parole de Dieu, tout comme le Nouveau. Au travers de lui, Dieu veut nous parler et nous enseigner. Nous sommes probablement au clair là-dessus! Cependant, je crains que beaucoup de ce qui est prêché depuis les chaires de nos Églises au sujet de l’Ancien Testament révèle une mauvaise manière de le lire et de l’appliquer.

L’Ancien Testament est lu et prêché, mais comme s’il servait à nous fournir des exemples à suivre pour mieux agir dans notre quotidien. Joseph nous montre comment résister à la tentation sexuelle; David nous aide à vaincre les géants dans notre vie; Daniel nous apprend à prier; et ainsi de suite…

Ceci, chers amis, est la meilleure manière de mal lire l’Ancien Testament.

Je ne suis pas en train de dire que les récits de l’Ancien Testament ne doivent pas nous apprendre à vivre d’une manière morale aujourd’hui (après tout, c’est comme cela que Paul utilise certains récits de l’Ancien Testament en 1 Corinthiens 10). Cependant, lorsque notre seule utilisation de l’Ancien Testament consiste à enseigner aux gens à être de meilleurs chrétiens dans leur quotidien, il manque quelque chose.

Qu’est-ce qu’il manque? Le plus important: Jésus.

Lire et enseigner ces textes, sans comprendre comment ils pointent vers Christ, revient à priver l’Ancien Testament du but pour lequel Dieu nous l’a donné. Jésus lui-même l’a dit: l’Ancien Testament pointe vers lui (cf. Jn 5.39; Lc 24.44-49). On ne peut donc comprendre l’Ancien Testament sans Jésus.

Les problèmes

Cette mauvaise manière de lire l’Ancien Testament aura plusieurs effets négatifs dans la vie de l’Église.

Premièrement, une telle approche fournit un sol parfait pour que la mauvaise herbe du légalisme grandisse. Le légalisme, c’est chercher à être juste devant Dieu au moyen des efforts humains. C’est ce que risque de produire une mauvaise lecture de l’Ancien Testament: nous voudrons ressembler au maximum à ces personnages de l’Ancien Testament, pensant implicitement que nous mériterons alors la faveur et l’acceptation de Dieu. Quelle erreur! Cela revient à mettre l’Évangile de côté. L’Évangile nous révèle que rien de ce que nous faisons ne peut nous garantir la faveur de Dieu: seules la vie, la mort et la résurrection de Christ le peuvent.

Deuxièmement, une telle approche encourage une vision individualiste de la foi chrétienne. Nous abordons chaque texte en nous demandant: “À qui puis-je m’identifier dans ce passage? Qui dois-je imiter?” et nous devenons alors les héros du récit. En faisant cela, non seulement nous passons à côté de ce que Dieu veut nous enseigner, mais nous le détrônons aussi de la place centrale qu’il mérite d’occuper.

Le remède

Quelle est donc la meilleure manière de bien lire l’Ancien Testament? Quel est le remède à cette mauvaise approche que nous avons évoquée?

Le remède, c’est réaliser que l’Ancien Testament n’est pas une suite de récits déconnectés les uns des autres. L’Ancien Testament contient 39 livres aux genres différents, oui, mais qui racontent une seule histoire: celle du plan rédempteur de Dieu. Une histoire qui démarre dans la Genèse, et qui se termine dans l’Apocalypse; une histoire centrée sur Jésus.

Alors que nous lisons l’histoire du peuple d’Israël en plein développement, nous voyons un fil conducteur traverser tout l’Ancien Testament: Dieu est en train de rassembler son peuple pour le sauver, et il va le faire au travers du Messie, Jésus.

Chaque récit et chaque personnage de l’Ancien Testament s’intègre, d’une manière ou d’une autre, dans cette "grande histoire" centrée sur Jésus. Lorsque nous réalisons cela, nous cessons d’utiliser ces personnages comme des outils qui ne seraient là que pour nous aider à "mieux vivre" ou à "mieux faire". Ils devraient plutôt être vus comme des poteaux indicateurs qui pointent vers Christ, le centre du plan de Dieu, qui, quant à lui, sera la source d’une vraie transformation pour nos cœurs. (Si vous voulez voir un exemple de cela, je vous encourage à regarder cette vidéo de 3mn sur l’Ancien Testament)

C’est ce que nous appelons la “théologie biblique”. Il ne s’agit pas d’une théologie qui est biblique (même si c’est aussi ce que nous voulons!), mais il s’agit de lire la Bible d’une manière qui respecte le caractère progressif de la révélation de Dieu, afin de voir l’histoire du salut que Dieu est en train d’écrire. Nous lisons les différents livres de la Bible en réalisant que Dieu a un plan pour sauver un peuple. Plan qu’il révèle et accomplit peu à peu au travers de l’histoire biblique.

La Bible ne parle pas de moi. Elle parle d’abord de Dieu, et de son plan rédempteur en Christ. Bien plus, l’histoire de la Bible ne concerne pas des individus uniquement, mais un peuple, que Dieu est en train de sauver. Quelle grâce d’être inclus dans ce plan! Quel privilège de pouvoir lire la Bible et voir ce plan se dérouler par la bonne main de Dieu!

Article publié pour la première fois le 13 janvier 2022, remis en avant pour atteindre de nouveaux lecteurs.

Pour creuser le sujet davantage, je vous recommande les deux livres suivants:

  • Panorama de la Bible de Vaughan Roberts, pour voir comment les livres de la Bible révèlent cette grande histoire de Dieu.
  • Le Royaume révélé de Graeme Goldsworthy, pour une introduction à la théologie biblique.

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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Comment prêcher Christ à partir de l’Ancien Testament?

Ce replay du webinaire Dominique Angers a été enregistré le 20 novembre 2019.

Orateurs

D. Angers