Attendons-nous à être déçus par la vie: le message de l’Ecclésiaste

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Tôt ou tard, nous allons connaître la déception et la frustration dans cette vie. Comment réagir? Écoutons le message de l’Ecclésiaste pour nous…

Le livre de l’Ecclésiaste a été écrit par un homme qui a formé le projet d’examiner la vie, afin d’en tirer des conclusions. Il a essayé d’examiner tout ce qui se fait sous le soleil, c’est-à-dire sur la terre. Tout? Oui, tout. Cet homme était roi d’Israël à Jérusalem (Ec 1.12) lors d’une période de prospérité. Il avait donc accès à tout ce que l’on peut imaginer: la sagesse et la connaissance, mais aussi le pouvoir, la richesse, et les plaisirs humains.

Quelle est sa conclusion, après avoir analysé cette vie? Écoutons-le:

J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil et j’ai constaté que tout n’est que fumée et revient à poursuivre le vent. -Ec 1.14

Tout dans cette vie n’est que fumée, c’est de la vapeur: non seulement ça ne dure pas, mais aussi ça n’a pas de consistance. Ce n’est pas solide. Ce n’est pas fiable. Voilà son constat. Dans tout ce qu’il a essayé, dans tout ce qu’il a vécu, il n’y a rien qui a été suffisant pour le combler. Rien n’a été plus solide que de la vapeur.

Est-ce aussi votre analyse de la vie sur cette terre? Il faut réaliser que la vie est un cycle qui se répète… sans grand profit. Nous vivons tous… puis nous mourons tous. Une génération après l’autre, sans fin. Les hommes font la guerre, puis ils font la paix… puis un autre conflit survient. Un virus envahit le monde, on produit un vaccin… et puis il y a un nouveau variant.

Et alors que nous vivons au milieu de ce cycle qui se répète, nous avons du mal à trouver quelque chose qui a vraiment de la valeur, quelque chose qui nous satisfait vraiment. J’imagine que nous avons tous connu des déceptions face aux choses de cette vie, après avoir mis notre espoir en quelque chose: des études, un travail, un mariage, un sport, un loisir, des vacances…? Cette vie déçoit. L’Ecclésiaste a bien raison.

Un constat trop pessimiste?

Ce n’est pas que l’on ne peut avoir aucune joie sur cette terre. L’Ecclésiaste parle également du bonheur qui existe ici-bas, de la joie que nous pouvons avoir, et de la vie dont nous pouvons profiter. Mais le problème c’est que même ce bonheur, même cette joie, est éphémère. Tout n’est que fumée.

Peut-être que nous sommes tentés d’atténuer ce message de l’Ecclésiaste en disant: oui, la vie sans Dieu est déprimante, futile, éphémère… mais avec Dieu, c’est totalement différent! Cependant, ce n’est pas une distinction que nous pouvons faire selon le constat que l’Ecclésiaste présente. Oui, c’est vrai que vivre la vie avec ou sans Dieu fait une énorme différence, et que Dieu est ultimement la clé pour trouver un espoir d’éternité dans ce monde (cf. Ec 3.14). Mais nous devons réaliser que la conclusion « tout n’est que fumée » n’est pas celle d’un incroyant qui rejette Dieu. Cette conclusion est celle de quelqu’un qui sait que Dieu existe, et qui reconnaît que Dieu est au contrôle de toutes choses (Voir Ec 1.13, et les différentes mentions de Dieu dans le livre).

Est-ce que l’Ecclésiaste est trop pessimiste? Est-ce qu’il a tort de tirer ce constat sur la vie, alors que Dieu existe? Je ne crois pas. Le constat de l’Ecclésiaste est tout à fait juste.

C’est la réalité du monde dans lequel nous vivons. Le monde « sous le soleil ». C’est à dire un monde qui se trouve entre Genèse 3, la chute et la malédiction du monde, et le retour de Christ. C’est un monde corrompu. Un monde qui subit les conséquences de l’entrée du péché dans le monde. Un monde où nous expérimentons les souffrances physiques, le travail pénible, les difficultés relationnelles, la corruption, et la mort…

Avoir les bonnes attentes

C’est important de réaliser cela, afin d’avoir les bonnes attentes concernant notre vie sur terre. Je me demande si parfois nous n’avons pas les bonnes attentes vis-à-vis des choses de ce monde? Comme si nous nous attendions à ce que ce monde soit tout beau, tout rose. Comme si nous nous attendions à ce que les choses de ce monde nous donnent la satisfaction. Et puis, quelque chose survient, et nous nous rendons compte que ce n’est pas le cas… c’est la grosse déception.

Non, ayons plutôt les bonnes attentes vis-à-vis de ce monde. Attendons-nous à être frustrés et insatisfaits par la vie « sous le soleil ».

  • Vous ne trouvez pas de joie profonde, de satisfaction, dans votre travail? C’est un peu « métro, boulot, dodo »? C’est normal dans un sens… C’est la vie sous le soleil…
  • Vous en avez marre de devoir toujours faire le ménage, on nettoie, et puis c’est de nouveau sale quelques jours après. On vide le bac à linge sale, et puis il est à nouveau rempli quelques jours plus tard. C’est frustrant. Mais on ne peut pas s’attendre à autre chose dans un monde marqué par la corruption…
  • Vous avez l’impression que certaines relations sont difficiles, même au sein de l’Église, avec ceux qui ne sont pas vraiment comme vous? C’est frustrant. Mais c’est normal, c’est le monde dans lequel nous vivons.

C’est pour cela que, même si c’est une bonne chose de profiter des choses de ce monde, nous ne devons pas nous attendre à ce qu’elles se révèlent être plus que de la vapeur.

  • On attend des vacances avec impatience, pendant plusieurs mois. Et puis au bout de quelques jours, c’est déjà terminé.
  • On se réjouit de regarder un bon film, mais au final le scénario est décevant, et on a l’impression d’avoir perdu notre temps.
  • On a hâte de faire une bonne raclette avec des amis, mais ils sont tous en retard, et Théo a encore oublié d’amener l’appareil à raclette…

C’est la même chose pour tout: une relation amoureuse, les réseaux sociaux, les amitiés, l’un ou l’autre divertissement. Profitons de ces choses, et du bonheur qu’elles nous apportent… mais ne nous attendons pas à ce que ces choses nous comblent. Attendons-nous à ce que ces choses se révèlent être ce qu’elles sont: juste de la vapeur.

Laissons cette frustration nous amener à Dieu

Alors à quoi s’attacher, si tout n’est que vapeur? L’un des buts du livre de l’Ecclésiaste est de saper tous nos fondements, tout ce sur quoi nous pourrions baser notre vie… pour que nous soyons amenés à nous attacher à Dieu. Pour que nous soyons amenés à regarder ailleurs pour trouver la satisfaction et une vie qui vaut la peine d’être vécue. La caractère « vaporeux » de la vie a pour but de nous amener à craindre Dieu (cf. Ec 3.14).

Regarder ailleurs, mais où? Plus loin dans l’histoire biblique. Le récit biblique nous parle de celui qui est venu pour sauver ce monde de futilité, et pour régler le problème de la corruption qui se trouve dans ce monde, et dans nos cœurs. C’est en Jésus que se trouve la solution au constat de l’Ecclésiaste selon lequel « tout n’est que fumée ».

Lorsque Jésus vient sur terre et qu’il meurt sur la croix, il règle le problème du péché. Il règle le problème de la mort. Il règle le problème de ce monde marqué par la chute. Il brise le cycle de vanité de l’Ecclésiaste. Et il offre l’espoir d’un monde glorieux, éternel, qui n’est pas comme de la vapeur.

C’est donc en lui, et en lui seulement, que nous pouvons trouver la satisfaction. Que les frustrations de ce monde nous poussent donc plus près de Jésus, afin de trouver notre joie en lui. Que les déceptions de ce monde nous motivent à vivre davantage pour lui, et à investir notre temps et notre énergie dans ce qui n’est pas de la vapeur: dans l’œuvre de Christ.

Pour aller plus loin:

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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R. T.