Votre célibat est plus perceptible depuis que vous avez quitté le lycée. Vous avez l’impression que vous sortez du lot, comme une dent embarrassante dans un sourire plaisant par ailleurs. Vous vous sentez gêné(e). Replié(e) sur vous-même, exclu(e).
Vous avez pris l’habitude de détourner les yeux lorsqu’on vous demande si vous avez des enfants. Vous entendez une quantité de non-dits derrière la réponse timide “Oh, d’accord.”, puis vous vous en allez et vous rentrez chez vous, seul(e).
Vous vous dites que vous ne pensez pas que les autres croyants veulent vous exclure. Ils sont simplement occupés avec les matches de leurs enfants, les anniversaires à organiser, les récitals de musique et les fêtes de famille. Vous êtes conscient(e) qu’ils ont d’autres responsabilités. Mais pour quelque raison que ce soit, cela ne facilite pas la douleur des nuits passées dans la solitude. Vous regardez davantage la télévision. Vous vous souvenez que vous aviez plus d’amis autrefois.
Le dimanche arrive. Vous aimez ce jour et vous le craignez à la fois. En entrant dans la salle de culte, vous ressentez la même impression que dans la cour de récréation de votre enfance, lorsque vous attendiez d’être appelé dans une équipe. Tout le monde va-t-il vous regarder comme étant seul(e): la seule personne qui n’a pas été choisie dans l’équipe? Vous scrutez l’assemblée du regard pour trouver quelqu’un que vous connaissez. Vos discussions à la fin du culte ne se font plus sans que vous ayez l’impression d’attirer l’attention. Vous commencez à venir à l’Église en retard et à partir tôt.
Personne n’a envie de dire que la vie de célibataire est une vie de seconde classe. Mais le pasteur est marié. Les Anciens sont tous mariés. Très peu (voire aucun) des responsables de groupes ne sont célibataires. Le diacre jeunesse a six enfants. Les illustrations des prédications font généralement référence à des aspects pittoresques de la vie de famille. Vous supposez que la vie conjugale correspond à la vie pieuse et vous craignez que les gens pensent que parce que vous êtes célibataire, vous êtes instable, vous avez un gros défaut ou vous êtes accro au porno. Vous vous demandez si la maturité d’une masculinité et d’une féminité bibliques ne correspondent pas largement à l’anneau porté sur l’annulaire.
Je sais que vous entendez tellement de clichés qui prétendent que votre célibat est merveilleux. Vous avez développé une aversion amère envers les hommes et les femmes mariés qui vous dispensent de conseils non sollicités, ou qui vous encouragent à vous dire que le conjoint idéal est juste à côté de vous. Ce n’est pas faute d’avoir regardé dans toutes les directions.
Entendre des conseils de la part de ceux qui ont échappé à la solitude du célibat vous dérange. Je le sais. Mais s’il vous plaît, permettez-moi de vous partager certaines choses que Dieu a dites à propos du célibat et que vous n’avez peut-être pas réalisées. J’espère que cela suscitera chez vous une vision plus grande de la manière de vivre votre vie en tant que célibataire.
Je vais commencer là où on ne s’y attend pas: avec l’Ancien Testament. Et avec une vérité surprenante: le célibat était méprisé par le peuple de Dieu de l’Ancien Testament. Dans le jardin, Dieu a donné à Adam un commandement et une bénédiction que les Juifs prenaient très au sérieux:
Dieu les bénit, et Dieu leur dit: “Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez.”
Genèse 1.22, 28-29; 9.1; 35.11
Donner naissance à un enfant était un signe de la bénédiction de Dieu (Dt 7.11-14). La stérilité était au contraire un signe de malédiction (Dt 28.15-18). Rester célibataire signifiait désobéir à cet ordre d’être fécond et saper la bénédiction de Dieu.
Vous n’êtes pas seul(e) dans votre frustration nocturne. Le célibat était considéré comme une malédiction pour beaucoup dans l’Ancien Testament. Il était considéré comme une impasse. Être célibataire, c’était effacer son propre nom sur la terre, car c’était refuser de perpétuer sa lignée par l’intermédiaire de ses enfants. Le prophète Jérémie, l’un des rares célibataires mentionnés dans l’Ancien Testament, a reçu l’ordre d’être célibataire comme un signe du malheur imminent pour Israël (Jr 16.1-4). Encourageant, non?
Mais considérez ce que le Messie, non marié, a fait du célibat. Jésus vient et remet en question le peuple de Dieu d’alors –et d’aujourd’hui– sur sa manière de voir le célibat. Le célibat permet désormais une vie consacrée pour son royaume. Alors que les célibataires étaient mis au rebut de l’expansion du royaume de Dieu (qui croissait à travers une multiplication physique), maintenant, la croix change tout. Bibliquement, le célibat n’est pas étrange, de second rang ou un plan B de la part de Dieu.
Lors d’une rencontre avec les Pharisiens, Jésus a parlé de célibataires qui embrassent leur célibat pour la gloire de Dieu. Il a appelé ces hommes et ces femmes des « eunuques qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux » (Mt 19.12). En répondant ainsi à une question sur qui devrait rester célibataire (Mt 19.10), Jésus a d’abord mentionné deux groupes qui n’avaient pas la possibilité de se marier. Mais ensuite, il fait quelque chose d’inhabituel. Il constitue un troisième groupe d’eunuques qui le sont volontairement devenus (quelque chose d’extrêmement répréhensible pour les Juifs, qui voyaient le commandement d’aller et de se multiplier comme un commandement de premier ordre).
Un théologien du troisième siècle, Origène, a pris les paroles de Jésus au sens littéral et s’est castré. Je soutiens qu’il s’agissait là d’un malheureux malentendu sur le texte. Ce que Jésus crée ici, c’est un groupe de personnes qui sont célibataires pour son royaume.
Ce que nous prenons pour acquis, les Juifs ne l’auraient pas fait. Comment le célibat, une atteinte au mandat culturel de Dieu, pourrait être utilisé pour le Royaume? La réponse est que Jésus rachète le célibat. Jésus, par son œuvre à la croix, change la mission du peuple de Dieu pour inclure les personnes mariées et les non mariées:
Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.
Matthieu 18.18-20
Le plan d’expansion du royaume de Dieu dans l’Ancien Testament reposait sur la multiplication physique, excluant ainsi les célibataires. Mais maintenant, le peuple de Dieu marche vers la gloire en cette période néotestamentaire par la multiplication spirituelle, en faisant des disciples (2Tm 2.1-2). Le mandat de procréation donné à Adam est reconsidéré par la venue de Christ: Allez et multipliez la création d’enfants spirituels.
Nous voyons le grand apôtre, lui aussi non marié, agir ainsi partout dans le monde romain. Bien que sans enfant, Paul a eu de nombreux fils et filles, appelant les Églises ses enfants bien-aimés (1Co 4.14; Ga 4.19), tout comme des individus tels Timothée, Tite et Onésime (1Tm 1.2; Tt 1.4; Phm 1.10). Même si Paul n’était pas marié, sa progéniture spirituelle allait être son espérance, sa joie et sa couronne devant le Seigneur, au jour de son avènement (1Th 2.19).
Je vous écris pour vous encourager à vous souvenir que vous n’êtes pas sans but. Vous n’êtes pas une erreur. Vous n’êtes pas oublié(e) dans le grand plan de Dieu de soumettre le monde sous le règne de Christ. Il y a du travail à faire pour vous. La grande mission de la vie n’est pas le mariage. C’est d’aimer le Seigneur de tout notre être et notre prochain comme nous-même. Vous avez devant vous une énorme opportunité de pouvoir accomplir ces deux buts.
Utilisé correctement, vous pouvez être l’un des plus grands outils entre les mains de Dieu pour son royaume. Vous êtes apte pour être un glorieux tireur d’élite dans le régiment du Maître. Alors que la personne mariée est divisée entre son conjoint et le Seigneur, le célibataire qui se maîtrise peut servir Dieu de tout son cœur (1Co 7.25-35). Quelle gloire! Ces saints célibataires qui reposent maintenant dans la gloire, Jean-Baptiste, Marthe, Néhémie et Paul (pour n’en citer que quelques-uns) ne regardent pas du ciel en m’enviant parce que je suis marié.
La vie de célibataire, au lieu d’être une agonie du manque, peut être l’une des plus joyeuses sur la terre. Vous avez une chance de dépasser beaucoup de mariés dans votre connaissance de Dieu et votre capacité de le servir. Tandis que beaucoup d’entre nous se précipitent pour éteindre des incendies dans leur foyer, préoccupés par les affaires de ce monde, vous avez la possibilité de contempler Dieu avec moins de distractions et de rester assis aux pieds du Maître. Si nous regardions correctement, plus de gens vous envieraient au lieu de vous plaindre.
En dépit de la manière dont certains peuvent vous considérer, et je suis affligé d’entendre certaines histoires que vous avez à partager, votre célibat n’est pas une chose honteuse ni une salle d’attente avant le début de la vie réelle ou du ministère. Ce n’est pas non plus une malédiction pour le disciple de Jésus. Il peut même être un cadeau pour ceux qui veulent poursuivre le Seigneur et devenir des pêcheurs d’hommes.
À cause de la croix, la vie conjugale n’est pas meilleure que le célibat. Les deux peuvent être des bénédictions de Dieu (1Co 7.7) et chacun peut être utilisé pour la gloire de Dieu (1Co 7.17). Je prie pour que vous puissiez pardonner à vos frères et sœurs en Christ lorsque nous faisons des commentaires insensibles ou que nous sommes tellement préoccupés par nos problèmes familiaux que nous vous négligeons. Vous êtes une partie indispensable de la famille.
webinaire
"Dis pasteur, comment on fait des disciples?"
Découvre le replay du webinaire de Raphaël Charrier enregistré le 9 Décembre 2021. Raphaël Charrier t’aidera à comprendre ce qu’est un disciple selon la Bible, et te donnera des pistes concrètes pour aider un frère ou une sœur à ressembler d’avantage à Jésus-Christ.
Orateurs
R. Charrier