Un Dieu, plusieurs chemins: pourquoi ça ne tient pas la route

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« Un Dieu, plusieurs chemins ». Pour ceux qui sont prêts à émettre l'hypothèse que Dieu existe, c'est probablement l'idée la plus répandue concernant Dieu. Malheureusement, ça ne tient pas la route...

Lorsque l’on parle de Dieu, il est fréquent d’entendre l’illustration suivante:

L’accès à Dieu est un peu comme l’accès à une montagne: il y a un sommet, mais plusieurs chemins qui y mènent. De la même manière, il y a un seul Dieu, mais différents moyens d’y accéder. Les différentes religions du monde sont différents chemins qui mènent tous au même endroit. Il ne faut donc pas perdre trop de temps à discuter de nos différences, car au final pour chacun le résultat sera le même, peu importe ce qu’il croit.

Derrière cette conception imprégnée de relativisme, il se cache un bon sentiment, celui du désir de tolérance et d’unité. On ne veut plus se disputer autour de la religion, on veut apprendre à vivre ensemble malgré nos différents. C’est une belle idée.

Mais je crois qu’elle est un peu naïve. Cette illustration nous paraît simple et belle, et donc on s’y attache sans prendre la peine de creuser. Cependant, lorsque l’on creuse, on arrive à la conclusion que cette vision des choses ne tient pas la route.

Voici trois questions pour nous aider à saisir les limites de cette illustration.

De quel Dieu s’agit-il?

Tout d’abord, de quel Dieu parle-t-on en haut de cette montagne? Le Dieu de l’Islam? Le Dieu de la Bible? Il faut reconnaître que, même s’ils ont certaines ressemblances, ils sont loin d’être tout à fait similaires. Le Dieu de la Bible, par exemple, est trinitaire (trois en un), alors que le Dieu de l’Islam ne l’est pas.

Si l’on décide de tout combiner et de dire qu’au final, il s’agit d’un seul et même Dieu en haut de cette montagne, c’est problématique. On en viendrait à avoir un Dieu un peu « schyzophrène », avec un mix de différentes personnalités et attributs opposés.

Et puis, pourquoi parlerait-on d’un seul Dieu, et pas de plusieurs, comme dans l’hindouisme?

Prise de manière générale, cette illustration paraît belle, mais lorsque l’on cherche à être plus précis, on rencontre rapidement des problèmes.

Comment faire lorsque les chemins se contredisent?

Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que les différentes religions du monde affirment des choses qui se contredisent, c’est-à-dire qui ne peuvent pas être vraies en même temps.

Par exemple, les chrétiens vont affirmer que Jésus est Dieu lui-même, en personne. En revanche, les musulmans vont nier cela et affirmer que Jésus n’est qu’un prophète. Les deux ne peuvent pas être vrais en même temps! C’est soit l’un, soit l’autre. Soit Jésus est Dieu, soit il ne l’est pas.

Autre exemple. Les religions monothéistes (l’islam, le judaïsme, et le christianisme) vont affirmer qu’il n’y a qu’un seul Dieu, alors que l’hindouisme en reconnaît plusieurs millions. Qui a raison? C’est soit l’un, soit l’autre. Soit il y a un seul Dieu, soit il y en a plusieurs, mais les deux ne peuvent pas être vrais en même temps.

Affirmer le contraire, ce serait nier un des principes élémentaires de la logique humaine. Vous avez peut-être déjà entendu parler de la loi de non-contradiction mise en avant par Aristote. Cette « loi » enseigne qu’il est impossible d’affirmer en même temps et de la même manière une chose et son contraire. Ce n’est juste pas possible.

C’est pourtant ce qu’enseigne le pluralisme religieux aujourd’hui… « Tu crois que Dieu existe? Très bien, c’est vrai pour toi! Et si tu crois qu’il n’existe pas, alors c’est aussi vrai, c’est ta vérité. » Ce n’est ni juste ni logique de raisonner ainsi. Lorsque deux affirmations contraires sont mises en avant, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de creuser, pour savoir qui a raison. Cela peut se faire sans être intolérant pour autant.

Comment être sûr que les chemins mènent au sommet?

En citant cette illustration, on part du principe que, forcément, toutes les religions ou systèmes de pensée mènent à Dieu. Sur quoi se base-t-on pour cela?

Il ne suffit pas de croire que quelque chose soit vrai pour que cette chose le soit. Si je veux marcher sur un lac gelé, il ne me suffit pas de croire très fort qu’il va soutenir mon poids pour que ça soit le cas. Non, ce que je dois faire c’est plutôt m’assurer avant d’y marcher qu’il va effectivement soutenir mon poids. Ainsi, ce qu’il faut faire, ce n’est pas simplement croire que telle ou telle religion permet d’accéder à Dieu, mais creuser pour savoir si c’est le cas.

Nous ne devrions pas avoir peur de creuser. Y compris la foi chrétienne. En ce faisant, nous verrons que la plupart de ces chemins sont des impasses… qui ne mènent pas au sommet. Qui ne donnent pas l’accès à Dieu.

Tous… sauf un

Tous, sauf un. Il y a un chemin, une voie royale, qui permet d’accéder à Dieu. Qui permet aux pécheurs que nous sommes d’être en bonne relation avec le Dieu que nous avons offensé. Ce chemin s’appelle Jésus-Christ. Comme il l’a déclaré lui-même: « Je suis le chemin, la vérité et la vie. On ne vient au Père qu’en passant par moi. » (Jn 14.6)

Pour nous permettre d’accéder au sommet de cette montagne, Jésus est descendu. Il est descendu pour nous faire remonter. Sa vie, sa mort, et sa résurrection, sont les moyens par lesquels il nous conduit à Dieu (cf. 1 Pi 3.18), en réglant le problème de notre péché.

Un Dieu, un seul chemin. Il n’y en a pas d’autres. Et nous n’en avons pas besoin d’un autre… car celui-ci est pleinement suffisant.

Benjamin Eggen

Benjamin est marié à Jessica et pasteur-adjoint de l’Église Protestante Évangélique de Bruxelles-Woluwe. Il a fait ses études à l’Institut Biblique de Bruxelles, où il enseigne ponctuellement. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Soif de plus? et Qu’est-ce que tu crois?. Vous pouvez le suivre sur sa chaîne YouTube.

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